Dans cette rubrique, nous vous proposons de découvrir ce qui se cache derrière les termes propres au cinéma, leur origine, leur sens, leur histoire petite ou grande.
Le cinéma possède son propre lexique... Et certains noms sont également irrémédiablement rattachés à l'histoire et l'art de faire du cinéma.
Jeanne Roques (dite Musidora), née en 1889, est l’archétype de la vamp, à l'écran comme à la ville.
Son rôle dans Les Vampires, de Louis Feuillade, a fait d'elle l'une des premières stars du 7ème art tout en faisant grand bruit. Son apparition, moulée dans une combinaison noire, est à la fois un exploit de mode inouï à l'époque où triomphent jupons et corset et une déclaration de liberté qui colle parfaitement à cette femme bien décidée à être maîtresse de son destin.
Irma Vep, sorte de personnage mi-cartoon, mi-Tomb Raider, est l'incarnation de la femme fatale. Musidora saura même la rendre carrément hypnotique dans "La Danse du vampire", deuxième épisode de ce qui peut être considéré comme l'ancêtre de nos séries. En effet, en 1913, Louis Feuillade invente l'idée du feuilleton en images animées. Une innovation majeure, qui triomphe d'abord avec une adaptation d'un des romans les plus célèbres de l'époque, Fantômas, et l'année suivante avec Les Vampires, une œuvre de dix épisodes longs de plus de sept heures au total.
La mince silhouette de Musidora, son caractère affirmé et ses immenses yeux noirs font les délices des illustrateurs de l'époque, et bientôt des surréalistes, tous tombés sous son charme. Tout en faisant tourner les têtes de toute une génération de jeunes gens pris dans les tourments de la guerre et l'horreur des tranchées : « Voir Musidora en caleçon de bain et mourir ! », s'exclame par exemple un journaliste d'Hebdo Ciné en 1919.
Non contente de son succès d’actrice, Musidora est la troisième femme, après Alice Guy et Germaine Dulac, à se lancer dans la réalisation.
En 1926, Musidora met fin à sa carrière cinématographique. Elle se marie avec un ami d’enfance et se consacre à sa famille, à l’écriture et à la peinture. Elle meurt en 1957 à Bois-le-Roi, devenue presque anonyme.